Northanger Abbey
"Northanger Abbey" de Jane Austen
Poche - 285 pages - 7 euros
Note : 09/10
Quatrième de couverture :
Jane Austen jugeait désuet l'engouement de son héroïne Catherine Morland pour les terrifiants châteaux moyenâgeux de Mrs Radcliff et les abbayes en ruine du préromantisme anglais. Parodie du roman gothique, satire pleine de saveur de la société anglaise qui prenait ses eaux à Bath, Northanger Abbey est aussi le roman très austénien du mariage et très moderne du "double jeu ".
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Catherine Morland fait partie d’une fratrie de 10 enfants.
Si les parents (le papa est clergyman) ne roulent pas sur l’or, c’est une famille
dont les revenus sont tout à fait correctes.
L’enfance de Catherine est des plus banales. Elle ne s’intéresse gère aux choses
qui plaisent habituellement aux enfants.
Vers l’adolescence, elle se transforme doucement en jolie jeune femme mais reste
toujours peu douée pour les études.
A 17 ans, elle accompagne Monsieur et Madame Allen à
Bath.
Là bas, de bals en réceptions, Mme Allen et Catherine font la connaissance de
Madame Thorpe et de ses filles.
Entre l’aîné Isabelle et Catherine, se noue tout de suite une amitié très forte.
De plus, il s’avère que James le frère aîné de Catherine et très ami avec John le frère d’Isabelle. Raison de plus pour les deux jeunes femmes de se
rapprocher.
Un soir de bal, Catherine fait la connaissance d’un jeune homme, Henri Tilney qui
ne la laisse pas indifférente. Mais les jours suivants le bal, il semblerait que Monsieur Tilney a quitté Bath.
Isabelle et Catherine plus proches que jamais, passent beaucoup de temps en
compagnie de James et de John.
Dans ce roman, Jane Austen s’adresse souvent directement au lecteur, lui
expliquant certains situations ou lui évitant de longs « détails ».
J’ai trouvé les personnages de ce roman très
présent.
Les traits de caractères sont très habilement dessinés et les particularités
de chacun parfois poussés à l’extrême.
Ainsi Isabelle est insupportable de futilité et d’arrogance. Elle parle tout
le temps. Et ce, pour ne rien dire.
John est particulièrement grossier et plein de fatuité. Convaincu de sa
propre importance, il se comporte comme un goujat.
Isabelle et John déforment chaque chose, chaque propos à leur avantage.
Manipulateurs et menteurs, à eux deux, ils incarnent ce qu’il se fait de mieux en matière de parasites.
L’héroïne (dont Jane Austen se plait à dire tout au long du roman qu’elle
n’est pas une vraie « héroïne ») Catherine, aurait pu paraître idiote, voire presque limitée, mais l’auteur l’a rendu délicieusement naïve et
romanesque.
Quelle puisse passer pour une gourde à l’imagination terriblement fertile en
certains domaines et quasiment inexistantes d’en d’autres, frôle la limite, mais je me suis prise d’amitié pour elle.
Cette fille, si jeune, n’est jamais sortie de son cocon familiale et se
retrouve dans la société, entourée de gens tous plus mesquins et dissimulateurs qui ne l’ont approché que pour profiter d’elle.
Finalement, elle s’en tire bien la petite
campagnarde !
Et les personnages secondaires ont une place de choix. Monsieur et Madame
Allen ou encore Eléonor sont vraiment très bons.
Comme toujours, l’écrite de l’auteur est vraiment agréable. Ce n’est que du
pur bonheur au fil des pages.
Jane Austen nous livre un petit morceau d’elle-même en prime puisque dans le
livre, elle fait souvent référence à une femme auteur de romans gothiques, qu’Austen aime beaucoup (« Les mystères d’Udolphe » d’Ann Radcliffe.
La trame est toujours la même, l’amour, les mariages, les manigances pour
épouser une personne de sa condition sociale, voir clairement supérieur, mais jamais en dessous.
Cependant, même si le fond des romans est identique, elle sait rendre chacun très différents. Dans celui-ci j’ai trouvé le ton plus léger, de l’humour bien entendu, mais aussi pas mal
d’espièglerie.
Il semblerait que « Northanger Abbey » ne soit pas le plus apprécié
des romans de l’auteur. Pour ma part, j’ai eu un coup de cœur. Comme pour les précédents je l’avoue.
Je l’aime beaucoup parce qu’en plus de raconter une histoire qui m’a plu, ce
roman est résolument différent des autres. Tant au niveau de la narration que sur le plan des personnages (l’humour de M. Tilney est excellent).
Premier roman écrit par Austen, il n’a été publié que bien plus
tard.
En lisant « Northanger Abbey » et en repensant à « Orgueil et
Préjugés » (oui je sais, je suis monomaniaque, mais vraiment ce roman est LE bijou qu’il faut avoir lu), l’évolution de l’écriture est bien présente. Mais le talent aussi. Dès son premier
livre, il est évident que Jane Austen avait une plume de génie.