La princesse de Clèves
"La princesse de Clèves" de Madame de Lafayette
Poche - 250 pages - 3,60 euros
Note : 08/10
Quatrième de couverture :
« La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru avec tant d'éclat que dans les années du règne de Henri second », et c'est bien sur le théâtre de la brillante cour des Valois que se noue et se joue la passion de la princesse de Clèves et du duc de Nemours. Passion tacite, et qui ne s'exprime longtemps que par des signes : un portrait dérobé, la couleur d'un vêtement au tournoi, la soudaine émotion d'un visage. Passion tragique, aussi, dont la mort est la conséquence imprévue. Si La Princesse de Clèves, lors de sa parution en 1678, est le livre le plus immédiatement commenté de son époque, c'est que, sans rompre totalement avec le roman antérieur, il y introduit le souci de vraisemblance et de brièveté qui caractérise alors la nouvelle, et concilie de manière neuve narration et psychologie. Le premier des romans d'analyse ? Certainement. Mais simplement, aussi, un grand roman sans romanesque.
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Agée de 16 ans et d'une incroyable beauté, Mademoiselle de Chartres est élevée par sa mère dans la plus haute opinion qui soit de la vertu. Voir de la raison.
C'est ainsi que lorsque le prince de Clèves tombé sous le charme de la jeune demoiselle la demande en mariage, cette dernier s'y plie, sans éprouver de sentiment particulier.
Non pas qu'elle déteste le prince de Clèves, mais en revanche, elle n'en est pas amoureuse.
Comme souvent à cette époque les mariages sont plus souvent de raison que d'amour.
Ainsi pourrait se dérouler la vie tranquille de la princesse de Clèves.
Si elle n'avait rencontré au cours d'un bal donné par le roi, le duc de Nemours.
Cet homme si beau de sa personne et parfait dans ses actions tombera immédiatement (et comme tant d'autres) sous le charme de la jeune femme et saura faire naître et vivre chez elle des sentiments dont elle ignorait jusqu'à l'existence.
Mais comment faire cohabiter ses sentiments et sa raison ?
MON AVIS :
L'amour courtois dans toute sa splendeur !
Se déroulant à la cour des Valois, à l'époque de Diane de Poitiers, ce roman nous conte une très belle et très triste histoire d'amour.
Mais pas l'amour comme nous le vivons aujourd'hui. Loin de là.
Cet amour là est très différent.
Il peut même être difficilement compris de nos jours, je veux bien le concevoir.
Car se pose réellement, du moins pour moi, la question de savoir de qui ou de quoi ces gens tombent amoureux.
Le coup de foudre oui.
Craquer sur quelqu'un pour son physique, même si ce n'est guère "glorieux", c'est arrivé à tout le monde.
Ici il s'agit d'un tout.
Un regard et les gens sont fous d'amour.
Les plus vertueux en perdent la tête.
Les autres sont près à tout (les premiers aussi d'ailleurs).
Mais qu'est ce que cet amour où les gens ne se connaissent pas ?
Un regard suffit-il vraiment pour se déclarer amoureux ?
Sans même savoir le nom de la personne.
Se déclarer malgré tout fou d'amour et découvrir que l'autre est marié.
Ne jamais lui parler ou presque mais se prétendre amoureux.
Tenter d'extravagantes rencontres. Provoquer des regards. Raconter, limite hurler son amour.
Le tout sans jamais un mot de travers. Sans jamais un baiser.
Presque sans oser se l'avouer et encore moins oser le dire à l'autre.
Et ces termes que Madame de Lafayette utilise "amant" et "maîtresse".
De nos jours lorsqu'ils sont utilisés ont sait parfaitement pourquoi. Du coup j'avoue qu'au tout début je me suis demandée pourquoi elle les utilisait. Pourquoi ceux là ?
La signification n'est pas la même. Les rapports ne sont pas les mêmes.
L'amour tout simplement n'est pas le même.
L'amour courtois c'est un simple portrait posé sur un table, une couleur portée, un mouchoir laissé là... toutes ces petites choses qui pour nous ne sont plus rien ou presque et qui les font défaillir.
Des sentiments exacerbés et qui ne trouvent finalement jamais satisfaction.
C'est terrible, c'est beau et c'est triste à la fois.
Tout n'est que subtilité et non dits.
Frustrant non ?
La princesse de Clèves c'est l'histoire d'un amour passionnel qui se terminera mal sans pour autant qu'aucun des protagonistes ai mal agis.
L'écriture de Madame de Lafayette est très belle, tout comme son histoire.
Teintée d'élégance, de douceur et de douleur.
Je me suis vraiment régalée tout au long de ma lecture.
Lecture que je suis bien contente de n'avoir pas du faire durant mon pauvre parcours scolaire car je ne pense que je ne l'aurais pas autant appréciée.
"La princesse de Clèves" est de ces livres que j'aime à lire maintenant. Ces classiques que je découvre volontairement et pour lesquels je me passionne. Vraiment.
Non seulement celui ci mélange une période historique que j'aime beaucoup ainsi qu'une belle histoire, mais c'est également un vrai plaisir de lire une belle écriture.
Certes les tournures de phrases sont parfois un peu alambiquées. Les négations de négations sont un peu trop présentes.
Mais c'était le langage de l'époque et au final j'aime ça.
J'ai trouvé les personnages du Prince et de la Princesse de Clèves particulièrement bien étudiés et détaillés.
Le Prince est émouvant dans son amour pour cette femme qui ne le repousse pas mais ne l'accepte pas non plus.
Et ses sentiments personnels lorsqu'elle lui avoue qu'elle a des inclinations pour un autre homme que lui m'ont fait avoir pitié de lui. Ce pauvre homme est humilié mais toujours amoureux de sa femme qu'il tente au mieux de protéger.
Pour finalement finir ronger par la jalousie. Mais sans jamais faire de mal à son épouse.
Quant à elle, je suis un peu plus partagée. Je l'ai prise en pitié également tant je la voyais perturbée par tout ces sentiments nouveaux pour elle, mais je l'ai presque trouvée naïve, voir gourde de tout avouer à son mari.
Je veux dire, l'honnêteté c'est très bien, mais là pour le coup qu'a t'elle vraiment voulu faire ? Avouer ou se dédouaner ?
En revanche je me suis moins attachée au duc de Nemours. Le trouvant parfois trop insistant. Limite persécuteur en fait. Ne pouvait-il la laisser tranquille ? Partir ?
Un petit roman que j'ai pris grand plaisir à lire et que je recommande chaudement aux amoureux de l'amour et de la langue française.