Malavita encore
"Malavita encore" de Tonino Benacquista
Poche - 400 pages - 7,50 euros
Note : 08/10
Quatrième de couverture :
On retrouve ici les quatre héros de Malavita, l'inénarrable famille Blake. Repenti de la mafia new-yorkaise, Blake, rebaptisé Wayne, a obtenu la protection du FBI, et s'est installé en France avec les siens sous la surveillance tatillonne d'un ange gardien légèrement dépressif. L'ancien gangster a trouvé dans l'inépuisable réservoir d'anecdotes de sa première vie la matière de quelques thrillers à succès. Tout se passerait pour le mieux si la cellule familiale n'était pas emportée dans la tourmente des remises en cause existentielles... Les enfants traversent une adolescence compliquée, l'épouse fidèle a décidé de s'émanciper, et l'auteur de best-sellers, soudain seul face à lui-même, est en proie aux affres de la création littéraire. Des problèmes ordinaires, somme toute, pour une famille qui ne l'est pas... Ils seront résolus de la façon la plus diabolique et la plus hilarante qui soit.
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Normalement les gens bénéficiant du programme de protection des témoins sont plutôt calmes. Enfin, à défaut d'être calmes, ils se font discrets. Il n'est nullement dans leur intérêt de se faire remarquer. Pas s'ils veulent rester en vie.
Ce qui visiblement est difficile à faire pour Fred, alias Giovanni Manzoni repenti de la Mafia.
Une fois de plus il a fait des siennes et une fois de plus, le FBI a dû déplacer sa famille. Et les rebaptiser. Cette fois ci, ils sont les Wayne, des expatriés new yorkais.
Les enfants Manzoni, non Blake, ha non zut : les enfants Wayne ont bien grandis. Belle a quitté la maison pour s'installer à Paris et rencontrer l'amour en la personne de François Largillière sorte de geek, voir même de nerd. Complètement ébloui par la beauté de Belle, le pauvre garçon n'arrive toujours pas à croire qu'elle l'ai choisi lui.
Wayne aussi à trouver sa moitié. La jeune Lena Delarue. Dès qu'il l'a vu en cours, il a su qu'elle serait la femme de sa vie. Sa décision était prise : il allait quitter le lycée, entrer en apprentissage, construire sa maison et s'y installer avec Lena. Mais il fallait annoncer tout ça à ses parents. Et surtout à Lena.
Maggie lassée du volontariat qui finalement ne lui apportait pas ce qu'elle cherchait, à fini par ouvrir une boutique à Paris. "La parmesane" n'est pas vraiment un restaurant car il n'y a pas de table. On n'y sert que 300 parts le midi et 300 parts le soir. Mais surtout, on n'y sert qu'une seule et unique spécialité : gratin d'aubergines au fromage. Et ça marche du tonnerre.
Pendant ce temps Fred continue vaille que vaille à écrire. Son deuxième roman a été publié et comme le 1er il bénéficie d'un gentil petit succès.
Sauf que Fred maintenant doit faire face au cauchemar de l'écrivain : la page blanche. Impossible d'aller jusqu'à la page 50, ça ne décolle pas.
Et puis il s'ennuie Fred. Ses enfants ne sont plus là et même Maggie est absente toute la semaine et ne revient que les week end.
Seule Malavita lui tient compagnie.
MON AVIS :
Retour chez les maffieux. Ou plutôt retour chez le repenti.
Le repenti le plus célèbre de la mafia. C'est par rien. Quand il est tombé, Fred n'est pas tombé tout seul. Ce fut le début de la fin pour la mafia New Yorkaise.
Mais de repenti, Fred n'en a que le nom parce qu'on ne peut pas dire qu'il regrette ses années passées là bas, sur l'autre continent, à faire la pluie et le beau temps.
La bagarre ça lui manque. Coller une bonne branlée, faire disparaitre un corps, menacer des gens. Il comment à s'ennuyer sévère notre mafioso.
La famille Manzoni s'éclate, chacun des personnages commence à vivre sa vie.
Mais pas Fred.
Disons que la roue tourne pour lui. Il a toujours été le centre, celui qui faisait la pluie et le beau temps, personne ne mouftait.
Mais ici, dans "Malavita encore", on sent comme un malaise chez lui. Un ennui profond.
L'attrait et le frisson que lui procurait l'écriture n'est plus le même et puis surtout il semble ne plus trop savoir quoi écrire.
Maggie s'émancipe, la petite femme bien sage et bien gentille en a un peu marre de rester à la maison alors elle ouvre sa boutique. Elle aurait pu le faire dans la région, mais elle part carrément à Paris. Comme si elle cherchait à fuir se mari qu'elle continue pourtant d'aimer.
J'ai trouvé Belle particulièrement insignifiante en revanche. Sans caractère, sans attrait. Son histoire d'amour avec un type aussi fade ne pouvait qu'être plate et franchement ce sont les passages que j'ai le moins aimé.
Wayne quant à lui est sans aucun doute celui de la famille qui a le plus évolué. Comme s'il avait poussé d'un coup, il cherche à s'éloigner le plus possible et le plus vite de cette famille qui semble lui peser. C'est comme si chaque fois qu'il voyait son père il ne pouvait s'empêcher de repenser au passé. Pourtant il ne cesse d'aller de l'avant. Il sait ce qu'il veut. J'ai ressenti pas mal de dualité en fait en lui. Mais c'est surtout de son père qu'il semble vouloir s'éloigner. Comme s'il avait honte mais aussi peur de quelque chose.
Pas peur de son père non, mais peur d'autre chose..... Choses que l'auteur nous avait déjà fait partager dans "Malavita" et qui vont revenir ici comme un boomerang. Ou plutôt comme une seconde nature.
J'ai trouvé Fred morose, en manque d'action. Mais aussi un peu dépassé par les évènements. Par les changements autour de lui.
Il reste toujours aussi attachant cela dit. J'adore les moments où il se souvient de sa vie d'avant. Il en parle avec une telle tendresse que l'on aurait presque envie de le plaindre de ne plus vivre dans cette violence quotidienne. Et quand il joue des poings moi je l'aime Fred.
J'aime les bad boys que voulez vous.
Mais il y en a un autre que j'ai beaucoup aimé dans "Malavita encore". C'est le capitaine Tom Quint. Je n'ai pas souvenir de l'avoir autant apprécié dans "Malavita". Sans doute n'était-il pas aussi présent ? Ou bien étais-je concentrée sur Fred et sa famille.
Là j'ai découvert un type vraiment bien. Un agent du FBI qui a certes réussi le plus gros coup de sa carrière (voir même de l'histoire du FBI) en faisant tomber Manzoni, mais qui finalement se retrouve éloigné de sa femme qui vit toujours aux Etats Unis, qui se voit contraint de surveiller Fred et sa famille et de protéger son pire ennemi. Pas tous les jours facile pour lui. Et puis 12 ans de ce petit jeu c'est non seulement usant, mais aussi perturbant. Amis ? Ennemis ? Définitivement ennemis. Mais le temps tisse aussi certaines choses.
Et puis ce moment où il doit rendre un énorme service à Wayne doit être difficile pour lui. Sa propre famille est loin et le voilà coincé ici avec des gosses qu'il a vu grandir. Lui l'homme si droit, qui ne fait pas de compromis... il a du se triturer le cerveau ce soir là.
Surtout lorsqu'il s'est fait "prendre" par Fred.
Mais pour le coup c'est la réaction de Fred que je n'ai pas bien captée. Il aurait dû se battre. Leur secouer un peu les puces. Merde quoi !!
Quand il s'agit de sa famille c'est un mou Fred. Bon on pourrait y voir un grand geste, celui d'un type qui fait passer sa famille avant tout. Perso j'y ai vu un renoncement et ça m'a déçu.
Quant à la fin, concernant Wayne je suis restée bouche ouverte ! Quoi ? mais ça ne peut PAS finir comme ça !
On devine oui. Mais on veut savoir. Je VEUX savoir.
Alors pourquoi n'y a t'il pas de suite ?
Ce second volume est peut être un peu moins drôle que le premier opus mais reste caustique et ça j'adore.
Peut être aussi un peu plus introspectif.
Quoiqu'il en soit, j'ai adoré !